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Le lobby pro-israélien contre l’Amérique : à propos des mensonges de Netanyahu

Ramzy Baroud

En écoutant le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou parler à une foule animée de supporters le 22 mars, je me suis senti physiquement malade. Cet homme a déjà manifesté à plusieurs reprises une absence totale de sens moral ou d’éthique dans ses paroles comme dans ses actes, écrit Ramzy Baroud.

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Les Américains doivent comprendre qu’il n’est plus question que de la Palestine et d’Israël...

Une fois de plus il déformait l’histoire, manipulait les faits, et fabriquait un récit partial et hautement douteux au service de son intérêt personnel.

Netanyahu, un colon venu d’un pays lointain a aussi eu l’aplomb de persuader quelques personnes en plus de lui-même qu’il avait des droits légaux, moraux et historiques sur ma terre. Moi je suis issu d’une famille palestinienne enracinée en Palestine depuis des temps immémoriaux alors que lui, Netanyahu est le fils d’un immigrant lituanien. Et pendant que lui vole avec insouciance toujours plus de terre à Jérusalem, moi je vis en exil.

Netanyahu parlait à la conférence annuelle du Comité Américain des Affaires Publiques d’Israël (AIPAC). Ce "puissant " lobby regroupe une grande quantité de politiciens et lobbyistes sionistes de droite et est considéré par beaucoup comme la structure la plus efficace pour influencer - et même contrôler- la politique étrangère américaine pour la Palestine, Israël et tout le Moyen-Orient.

L’AIPAC est dangereux pour plusieurs raisons. D’abord ce n’est pas un lobby au sens habituel du terme, soit un groupe de lobbyistes généreusement rémunérés pour faire le siège téléphonique des membres du Congrès dans l’espoir qu’ils favorisent les intérêts de ceux qui les paient (en l’occurrence l’état d’Israël) ; le lobby pro-israélien, lui, s’est développé en une puissante organisation politique dont les ramifications s’étendent dans tous les secteurs du gouvernement des USA, ainsi que dans les médias, les universités et partout. Ce n’est un secret pour personne que les cliques de politiciens néo-conservateurs qui ont initié, conduit et continuent d’influencer la politique militaire des USA sont en fait des membres de ce lobby.

Tandis que les communautés juives des Etats-Unis n’offrent pas un soutien uniforme aux groupes de lobbying sionistes de la droite dure, les deux partis politiques américains et toutes les branches du gouvernement soutiennent Israêl sans réserves. Ils considèrent leur participation à la conférence annuelle de l’AIPAC impérative et même pour certains d’entre eux, hélas, le discours de Natanyahu devant l’AIPAC revêt une importance égale sinon supérieure au discours sur l’Etat de l’Union. Suite au discours d’Obama en 2010, beaucoup de politiciens américains ont critiqué ouvertement les positions d’Obama dans plusieurs domaines. Mais très peu ont l’audace de remettre en cause les contre-vérités empoisonnées que Netanyahu a distillées le 22 mars.

Les Américains doivent se rendre compte que l’enjeu n’est plus seulement la Palestine et Israël. L’enjeu est maintenant leur propre pays, leur propre souveraineté et l’avenir de leurs enfants. Ils doivent se poser les questions difficiles et refuser de se contenter de réponses sentimentales. Comment l’Amérique peut-elle mener des débats contradictoires sur tant de sujets et parler d’une seule voix quand il s’agit d’Israël ? Où un politicien faible comme Netanyahu trouve-t-il le courage de défier le président du pays qui prodigue au sien, Israël, des milliard de dollars de ses contribuables ? Et nous savons bien sur qu’une grande partie de ces fonds ont été utilisés pendant toutes ces années pour occuper la Palestine, persécuter les Palestiniens et leur faire la guerre. C’est cette horrible réalité que les Américains doivent bien comprendre. Les crimes de guerre israéliens ont été rendus possibles par les fonds américains, leurs armes et leur soutien politique. L’Amérique n’est pas extérieure au conflit. Elle est largement responsable de la tragédie que vivent les Palestiniens.

Même si on se laisse convaincre par la récente position exceptionnellement ferme de l’Administration d’Obama à propos de la politique de colonisation d’Israël à Jérusalem Est, la question des moyens de la faire respecter reste posée. Quand le Président des Etats-Unis exprime une position apparemment finale qui rejette la construction de davantage de colonies illégales qui entraverait le processus de paix et qu’en même temps il ne fait rien pour affaiblir la détermination d’Israël, on peut se poser les questions suivantes : Les USA vont-ils faire pression sur Israël pour les forcer à respecter le droit international ? Vont-ils au moins différer l’envoi des milliards de dollars qu’ils continuent de déverser sur Israël -au moment même où les USA connaissent une crise financière sans précédent qui engendre une pauvreté grandissante et jette les gens à la rue ?

On peut peut-être trouver la réponse à cette question dans le rapport de l’UPI du 26 mars, qui cite le quotidien israélien Haaretz :

"En dépit du désaccord le plus profond enregistré depuis des dizaines d’années entre Israël et les USA, le Pentagone a donné son feu vert pour vendre à Israël l’avion de transport C-130J au prix de 250 millions de dollars... L’accord... comprend trois avions ’Super Hercule’ fabriqués spécialement pour les besoins de l’Armée de l’Air israélienne. (Le rapport) précise que, même si les généraux en chef de l’armée des USA croient que ’l’échec d’Israël à parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens nuit à l’influence et au statut des USA dans le monde musulman et met en danger ses forces’, le Pentagone a l’intention de maintenir la souveraineté militaire d’Israël au Moyen-Orient."

Le moment choisi et la nature de cette "vente" signifie ceci : Premièrement, si les USA étaient prêts à tirer les conséquences de leur soit-disant désaccord avec Israël, ils auraient renoncé à cette vente injustifiable. Deuxièmement, si l’on considère que cette vente a été décidée par le Pentagone, l’organisme même qui a été utilisé pour exprimer des inquiétudes et appeler à, au moins, une révision de la politique des USA dans la région, la vente constitue à la fois un désaveu des militaires USA et des excuses voilées à Israël. Troisièmement, si la politique américaine dans la région n’est toujours pas réexaminée, il ne subsistera aucun doute que la politique étrangère des USA dans la région est l’otage des priorités israéliennes - aussi aberrantes soient-elles parfois, et non des priorités américaines.

Les personnes appartenant au gouvernement, à l’armée et aux médias américains qui ont le courage d’affronter Israël et ont la possibilité de se faire entendre, doivent le faire. Elles ne doivent pas avoir peur, ni se laisser intimider, ni se laisser convaincre par les mensonges de Netanyahu. Il est clair que Netanyahu continuera à mentir ; c’est ce qu’il fait le mieux. Les vrais responsables sont ces politiciens qui récompensent ce menteur professionnel d’une « standing ovation » [se levant pour l’applaudir] à chaque déclaration qu’il fait. Ce sont eux, en réalité qui donnent du pouvoir à ce "puissant" lobby.

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* Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est écrivain et publie pour PalestineChronicle. Ses écrits sont publiés par de nombreux journaux, quotidiens et anthologies à travers le monde. Son avant-dernier dernier livre : La Seconde Intifada : une chronique du combat du peuple (Pluto Press, Londres) et le dernier tout récemment publié : Mon Père était un combattant de la liberté : l’histoire non dite de Gaza (Pluto Press, London).

29 mars 2010 - Communiqué par l’auteur
Traduction : DM


http://www.palestine-info.cc/fr/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7MZB6nuG29xLNoPA55a0taK4Xgp90Gde8qY87VKGxUawUwOT8ywlAKh2EM6oK2zvGnqCECUEKuSdqraIJYnFL5D2vJnct%2bAk3jGXmnKHVzfY%3d

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